P.I.A 


P.I.A

(Performance in Absentia ou Petites idioties artificielles)


 installation audiovisuelle et performance de

Laurence Maillot, Jérémy Demesmaeker, Vincent Rioux, Baptiste Buob, 

2018 - 2026

Laurence Maillot, Vincent Rioux, Baptiste Buob et Jeremy Demesmaeker confient à plusieurs nano-ordinateurs les archives audiovisuelles d’une performance pour que continue à se perpétuer dans l’univers numérique la cérémonie de possession de la secte des Haouka filmée par Jean Rouch. A l’heure où nous compilons toujours un peu plus nos photos vidéo, il s’agit ici de réactiver (reenacter) les questions que pose ce rituel Haouka à notre environnement actuel. Quels sont les symboles actuels du pouvoir qui nous obsèdent et qui pourraient en venir à nous posséder ? Des nano-ordinateurs low-tech, déconnectés d’internet mais interconnectés localement, s’assemblent progressivement en une forme totémique – un autel en construction. Chaque machine, autonome, puise dans une base de données issue d’archives audiovisuelles de nos performances passées, rejouant librement une partition tirée du rituel Haouka. La structure se développe en rhizome : pas de hiérarchie, pas de centre, pas de timeline linéaire mais une logique d’émergence, d’interaction et de programmation en domino.
jeremy Demesmaeker
PIA, une installation performance (image générée par IA)

Note d’intention


« Si l’ordre est différent ici ou là, le protocole est bien le même. » Jean Rouch Les Maîtres Fous, 1954


Il y a une centaine d’années, au Niger, apparaissait un rituel de possession où, pour la première fois, des esprits de la modernité se manifestaient. Ces esprits n’étaient plus les génies de la brousse et les forces telluriques ancestrales (tel le dieu de la foudre), mais des symboles du pouvoir militaire, politique et industriel (parmi eux : le gouverneur, le caporal, le conducteur de locomotive). Bien qu’interdits par les autorités coloniales françaises, les Haoukas, puisque tel est leur nom, vont continuer à s’inviter dans divers rituels et à pratiquer discrètement leurs propres cérémonies le long de leurs parcours migratoires. En 1954, désireux de voir leur « secte » gagner en visibilité pour mieux se répandre, ils invitent Jean Rouch à les filmer dans la banlieue d’Accra, peu de temps avant l’indépendance du Ghana.

Ce film, Les Maîtres fous, va choquer en raison des violents états de transe de possédés qui singent le décorum colonial et son étiquette (il fut interdit dans le commonwealth, officiellement pour maltraitance animale, car les Haoukas y mangent un chien). Cependant, très rapidement, dans les univers du théâtre, de la danse et de la performance, des artistes vont s’inspirer de ce film qui dévoile des mouvements corporels inédits et met au jour une forme de rituel carnavalesque de résistance.



C’est dans ce sillage que la compagnie Dodescaden a créé la performance éponyme Les Maîtres fous. Il n’était pas question d’y rejouer le film de Jean Rouch, ni de reprendre le canevas du rituel, mais de chercher à remettre en jeu la dynamique du rituel et son geste filmique. Tandis que des performeurs se laissaient envahir par des figures contemporaines du pouvoir, un autre les filmait en plan-séquence directement sur le plateau. Ainsi d’improvisations en improvisations une forme s’est progressivement stabilisée tandis que la réalisation d’une cinquantaine de films a permis de garder la trace d’une partie de ce processus.


Avec Performance in Absentia, nous réactivons le rituel Haouka à l’ère numérique à partir des archives filmées de cette performance : les génies sont désormais des flux d’images, des interfaces, des machines intelligentes, et nous, leurs possédés. En quelques années, le numérique, avec ses intelligences artificielles, ses géants et ses data center, est devenu le bras armé d’une nouvelle forme d’impérialisme. Nous sommes entrés dans l’ère du « technocolonialisme », une nouvelle forme d’extractivisme qui puise dans les ressources tant matérielles que cognitives. Les machines elles-mêmes n’auraient-elle pas la capacité de résister comme l’ont fait les Haouka et leurs émules ? C’est cette idée qui est au cœur de notre projet poétique et critique qui, associant l’esprit des Haoukas à un projet hacktiviste, est une tentative de « haouking ». Que faire de cette accumulation d’archives audiovisuelles personnelles, de nos appareils obsolètes ? Comment réanimer ces vestiges technologiques pour en faire les vecteurs d’un nouveau rituel de dépossession ?




Notre projet est de créer un environnement informatique économe qui puisse réanimer les films de la performance en rompant avec la séquentialité habituelle du montage filmique. Il s’agit d’inscrire ces images dans un « écosystème organique » : un dispositif qui réanime ces films en conservant la dynamique mouvante propre à la performance. L’installation commence vide. Peu à peu, artistes et participants construisent un autel à partir d’objets récupérés : vieux ordinateurs, écrans, téléviseurs, enceintes, Raspberry Pi. Ces nano-ordinateurs fonctionnent de façon autonome, déconnectés d’internet mais reliés localement. Ils puisent dans la base de données filmiques de la performance et rejouent une partition inspirée du rituel haouka, dans une logique décentralisée et émergente. L’interaction est fluide, non-linéaire, proche d’une pensée en domino. Ce geste performatif prend la forme d’une lutte contre l’obsolescence, contre la domination de l’hyperconnectivité. C’est aussi un acte de réappropriation : se déposséder volontairement pour mieux interroger nos attachements aux symboles de pouvoir contemporains. Ici, rien ne se perd – tout se transforme.




Distribution

Une proposition de Jeremy Demesmaeker et Baptiste Buob

Collaboration artistique : Laurence Maillot

Artiste développeur  :  Vincent Rioux

Images : Baptiste Buob

Annotations films: Jeremy Demesmaeker et Romain Pichon


PARTENAIRES

Production : Mali Kadi 

Coproductions :

Labex Les Passés dans le présent  : Projet Anthropôle et Replay It Again 

LESC (Laboratoire de Sociologie et d’Ethnologie Comparative)- UMR 7186 à Paris-Nanterre, SCENE44 n+n Corsino, 

Accueil résidences : Beaux Arts de Paris (Pôle numérique), LESC, Scene44. n+n Corsino


DIFFUSION 

18 mai 2025 : Replay it again symposium CCA Glasgow

11 juin 21 : MUCEM Salon des écritures alternatives en sciences sociales

    Représentation : les Maitres Fous reloaded : insertion de PIA - Norbert Elias / La Fabrique

     Écouter "Et bien cherchez maintenant" épisode 1 





Résidences 

Avril et Juillet 2026 (Paris - Marseille)

Résidences consacrées au codage :

- Annotations des derniers fichiers

- Compilation de la base de données

- Intégrer dans les Raspberry la notion de scénario (score, partition, canevas…)

- Interaction entre les différents raspberry


Septembre 2026 (Nice ou Aix en Provence):

Temps en résidence chez un des lieux partenaire (Hublot, 3bisf dans la mesure du possible)

Travail sur la phase finale Performance in Absentia :

- Élaboration de la performance et de l’installation

 - Scénographie

 - Partition performance

 - Paramétrage audiovisuel


17-21 décembre 2018 : Pôle numérique des Beaux Arts de Paris avec Vincent Rioux (résidence) 

19-22 février 2019 : Pôle numérique des Beaux Arts de Paris avec Vincent Rioux (résidence)

8-14 avril 2019 : Pôle numérique des Beaux Arts de Paris avec Vincent Rioux (résidence)

8 au 12 juillet 19 : Pôle numérique des Beaux Arts de Paris avec Vincent Rioux (résidence)

28 oct au 1er Nov 19 : Pôle numérique des Beaux Arts de Paris avec Vincent Rioux (résidence) 


Conférence, séminaire, 

— 18/03/22 : "Repit" Seminaire Labex "les passés dans le présent" Intervention PIA 

— 31/01/22 CREM- Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie)  Paris Nanterre

— MMSH 2 nov 21: intervention dans le cadre Pratiques artistiques de l'archive

—  IMéRa  17 Avril 2019 : séminaire Arts-sciences à Marseille,  intervention de Jeremy Demesmaeker et Baptiste Buob En savoir plus 

— Colloque international "Jean Rouch passeur d'images et de mondes" Le 12 octobre 2018, intervention de Jeremy Demesmaeker et Baptise Buob. Université Paul Valéry - Montpellier : « du film documentaire à la performance ». Publication de cette conférence en format livre à venir.


PARUTIONS

 —  Baptiste Buob, Jérémy Demesmaeker, Laurence Maillot, Carl Lavery et Vincent Rioux, « Table ronde autour d’une performance dans un panier en osier », Ateliers d’anthropologie [En ligne], 54-55 | 2024, mis en ligne le 20 décembre 2024, consulté le 14 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/ateliers/19153 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12z0d


— Buob, Baptiste et Demesmaeker, Jérémy 2019, "Dans les pas des Maîtres fous", Techniques & Culture, 71 [Technographies] : 202-221 ; DOI : 10.4000/tc.11660. DOI : 10.4000/tc.11660


— Maillot, Laurence, Demesmaeker, Jérémy et Buob, Baptiste

2023 "Reenacter Les Maîtres fous : des formes d’agentivité", Théâtre/Public, 249 : 22-27.


— Buob, Baptiste, Demesmaeker, Jérémy et Noûs, Camille 2021"Essai sur quelques avatars mimétiques des Maîtres fous : art politique, rituel chorégraphique et performance filmique", in G. Remillet, J. Savelli et M. Scheinfeigel (éd.), Jean Rouch. Passeur d’images, passeur de mondes (Paris, Téraèdre) : 331-354.





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